Aujourd’hui, c’est l’aspect économie circulaire qui est concerné et notamment les positions à notre sens très ambiguës et très contre-productives voire peut-être dangereuses pour la filière plasturgie de la Fédération de la plasturgie et des composites par la voix de son Président Monsieur BenoÏT Hennaut concernant la Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire.
Nous avons eu une 1ère alerte le 10 décembre 2019 au sein d’un article dans Le Parisien (accès limité aux abonnés
ICI) rédigé par Monsieur Frédéric Mouchon, Journaliste :
L’Article débute sur le rappel du vote par les députés (et contre toute attente) d’un amendement visant à interdire les emballages en plastique à usage unique d’ici 2040.
Au sein de cet article, Monsieur Benoit Hennaut Président de la Fédération de la plasturgie et des composites est interrogé concernant cet amendement.
Il indique: « Cet amendement va dans le sens de l’histoire. Le tout-jetable n’est pas une fin en soi, et il faut en sortir.
»
L’article indique à la suite non sans une certaine ironie : « Ce n’est pas une association écologiste qui le dit, mais justement Benoît Hennaut, dont la fédération représente 5 000 entreprises en France chargées de la transformation du plastique. »
Sur le fond et ainsi que des entreprises nous l’ont fait remonter, ces propos sont pour nous et à tout le moins une énorme maladresse, inexcusable à ce niveau de responsabilité et à maxima une volonté plus ou moins cachée de peut-être se résigner à sacrifier la filière de l’emballage plastique.
Plastalliance a espéré que c’était la 1ère possibilité et c’est pour cela que notre Organisation n’a pas souhaité à une époque où la Loi étant en train d’être discuté mettre de l’huile sur le feu.
Mais alors que l’on pensait à une erreur passagère, voilà que la Fédération de la plasturgie, toujours par la voix de son représentant légal, persiste et signe dans une interview dans Plastiques & Caoutchoucs Magazine (Groupe Infopro Digital, journaliste : M. Fabien Tubiana) le 13 février 2020 et repris à l’identique dans Emballages Magasine (Groupe Infopro Digital, journaliste Monsieur Arnaud Jadoul) le 17 février 2020. L’article est ouvert au public et visible
ICI
pour Plastiques & Caoutchoucs Magasine et
ICI
pour Emballages Magasine.
A la question qui est posée à la Fédération de savoir quelle est sa position à la suite de la parution de la Loi relative à la Lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, celle-ci répond en indiquant :
« Nous sommes en accord avec les objectifs de cette loi, même si les solutions apportées ne sont à nos yeux pas toujours les bonnes. Il s’agit cependant d’une étape importante. »
Il est nécessaire de rappeler que l’un des «
objectifs de cette loi
» est de sortir du plastique jetable comme le rappelle le Ministère sur son site
ICI.
La Fédération de la plasturgie confirme donc selon nous en février 2020 ce qu’elle avait déjà dit en décembre 2019 : Plastalliance estime en effet que cette Fédération accepte, soutient ou se résigne à la disparition des plastiques à usage unique en 2040, c’est-à-dire à la disparition programmée d’une bonne partie de la filière emballage plastique en France.
On pourrait même penser en lisant l’article que cette Fédération accompagne peut-être positivement ce projet vu qu’il est indiqué dans la même interview que la Fédération de la plasturgie et des composites « participe depuis plus de deux ans aux travaux menés par les pouvoirs publics
».
Il est sûr dans tous les cas que le Gouvernement a échangé avec cette Fédération pour arriver au résultat que l’on sait.
Par la suite, tout en rappelant avec grande justesse certains des bienfaits du plastique et la menace réelle sur les emplois et les entreprises, la Fédération de la plasturgie et des composites ne demande non pas au Gouvernement de revoir sa copie mais parle d’une « facture
» allant jusqu'à un demi-milliard d’euros pour passer du plastique à usage unique à du plastique réemployable ou réutilisable.....
Qui peut croire sincèrement que sans flux de plastique à usage unique (correctement collecté et recyclé) comme les bouteilles en PET par exemple, il serait possible de mettre en place une économie circulaire du recyclage du plastique ?
Les entreprises vont ainsi se retrouver entre le marteau et l’enclume.
D’un côté des obligations de + en + importantes d’incorporation de matière plastique recyclée y compris dans des produits réemployables/réutilisables (qui seront plus épais avec donc + de matières) et de l’autre côté, une réduction drastique du gisement.
Ajoutons que tous les plastiques à usage unique ne peuvent être remplacés au moins à moyen terme par du réemployable/réutilisable. Les fabricants de films plastiques apprécieront à sa juste mesure la position de la Fédération de la plasturgie par la voix de celui qui la représente.
En faisant la promotion du 100 % réemployable et réutilisable au détriment de l’usage unique alors qu’il ne faut pas opposer ces 2 voies qui correspondent à des besoins différents, la Fédération de la plasturgie fait consciemment ou inconsciemment la promotion du verre qui est dans son terrain de jeu.
Certainement un hasard du calendrier, la Secrétaire d’Etat Madame Brune Poirson vient d’ailleurs de déclarer de manière stupéfiante que «
L'idée, c'est que le recyclage du plastique finance celui du verre
» (voir
ICI)…..
La position fédérale heurte par ailleurs de plein fouet les intérêts de la filière bioplastique-compostable qui pour Plastalliance, est également un axe de progrès écologique en complément des autres moyens.
Double jeu sur la consigne des bouteilles en plastique ?
Concernant la consigne pour les bouteilles plastiques que l’article aborde, rappelons que Plastalliance a, sans ambiguïté, approuvé et soutenu la mise en place de la consigne pour les bouteilles en plastique et ce dès septembre 2019 (voir
ICI).
Nous avons en octobre 2019 (voir
ICI) soulevé le silence assourdissant de cette Fédération et l’absence d’union sacrée dans la plasturgie sur ce point.
Le 18 novembre 2019 et pour la 1ère fois, Plastalliance et une ONG de lutte contre la pollution de plastiques dans les océans (OCEANS SANS PLASTIQUES) établissaient un communiqué commun pour soutenir la consigne. (voir
ICI).
Ce n’est que fin novembre 2019 que la Fédération de la plasturgie et des composites par le biais d’un manifeste sponsorisé dans différents organes de presse indiquait « promouvoir une consigne acceptée partout et par tous
».
Selon nous et c’est notre interprétation/opinion qui n’engage que notre organisation comme tout ce qui est dit ici, c’est une manière très subtile pour freiner la mise en place de la consigne « plastique » sans le dire ouvertement.
En effet, par l’opposition féroce envers la consigne des bouteilles en plastique de certains opérateurs (comme Paprec dont le DG est Vice-Président Développement Durable de la Fédération de la plasturgie !), la consigne pour les bouteilles en plastique ne sera jamais acceptée par ces derniers.
La consigne de la bouteille plastique n’a pas besoin d’être acceptée par tous pour être mise en place auquel cas nous allons attendre très très très longtemps.
La Fédération de la plasturgie pose enfin une question qui mérite d’être mise en lumière et discutée : « Quel est le recycleur qui va investir dans un système de consigne si on lui dit que le gisement aura disparu en 2040
?
»
On peut répondre que si les recycleurs souhaitaient mettre en place un système de consigne « plastique » par leurs propres moyens, ils ne s’y opposeraient pas. La consigne pour les bouteilles PET est pour eux une concurrence car les bouteilles en plastique sont les déchets plastiques parmi les plus rémunérateurs et les moins mal collectés (Voir
ICI).
Plastalliance pose plutôt la question suivante : Quels sont les recycleurs-collecteurs (notamment Paprec, Suez, Véolia) qui vont investir, en France, dans des centres de tri plus sophistiqués et plus performants pour capter des flux de déchets plastiques plus nombreux et de meilleure qualité qu'aujourd’hui si on leur dit que le gisement aura disparu en 2040
?
Les industriels de la plasturgie et notamment ceux de l’emballage plastique peuvent compter sur Plastalliance pour résister à la résignation, refuser l’abandon et continuer à défendre en toute cohérence et sincérité la filière.
*Georges Lucas : “The Phantom Menace; a reference to Palpatine hiding his true identity as an evil Sith Lord behind the facade of a well-intentioned public servant.” Trad: La menace fantôme; une référence à Palpatine cachant sa véritable identité de mauvais Seigneur Sith derrière la façade d'un fonctionnaire bien intentionné.
