Plastique bashing, objectif (très) ambitieux de recyclage des plastiques, nouvelles réglementations et contraintes nationales ou européennes, nouvelles taxes comme le bonus-malus pour certaines ruptures de contrat, nombreuses sont les menaces sur la compétitivité et l’avenir des industriels de la plasturgie.
Il est de bon ton et justifié par ailleurs de dénoncer ces attaques de la part des deux organisations patronales représentatives du secteur, Plastalliance et la Fédération de la plasturgie et des composites.
Mais comment être pris au sérieux quand des mesures que seule la Branche peut prendre (et non le Gouvernement) ou des mesures prises par le Gouvernement mais avec l’aval d’une organisation de la branche (Taxe CTI IPC par exemple) sont mises en place au détriment de l’équilibre et de la sécurité économique et/ou juridique des entreprises de notre secteur ?
Comme le disait Emile de Girardin, « Gouverner c’est prévoir ; et ne rien prévoir c’est courir à sa perte ».
Augmentations des indemnités de rupture, taxe/contribution au dialogue social de branche, intrusion des OSS nationales dans les classifications des entreprises, augmentation prévue des taux de cotisation prévoyance non-cadres, accords et recommandation « patronale » sur les salaires, taxe CTI IPC, voici une revue de ces mesures combattues par Plastalliance et qui selon nous grèvent ou grèveront d’une manière ou d’une autre les marges des entreprises de l’industrie plastique et composite.
1) Une taxe conventionnelle soutenue par les OSS et la fédération de la plasturgie et des composites « pour le dialogue social de branche »
Il faut en effet rappeler l’existence d’une contribution conventionnelle spécifique à la plasturgie de 0,05% de la masse salariale pour financer le dialogue social de branche soit près d’un 1 800 000 € prélevés sur les entreprises chaque année depuis 2013 (Voir ICI ).
L’Association pour la Gestion du Paritarisme était ainsi née et domiciliée…..à la même adresse que la Fédération de la plasturgie et des composites : https://www.agpp.fr/
(A ne pas confondre avec l’AGFPN prélevés sur les salaires, les deux se cumulent toutefois).
Près d’un 1M800K€ prélevés tous les ans depuis 2013 et selon nous, c’est l’une des raisons pour lesquelles les OSS (Organisations Syndicales de Salariés) et la fédération de la plasturgie et des composites (FPC) souhaitent préserver les négociations de branche en s’offusquant des négociations d’entreprise dérogatoires.
Voir à ce sujet l’excellent article d’Actuel RH (édition abonnés) qui montre une certaine union sacrée envers Plastalliance de la part des OSS et de la Fédération de la plasturgie et des composites qui semble partager leurs positions sur les négociation d’accords dérogatoires à la convention collective de la plasturgie : https://www.actuel-rh.fr/content/la-plasturgie-fer-de-lance-controverse-des-accords-de-performance-collective-0
Dès lors que l’on va de plus en plus vers des négociations d’entreprises, à quoi bon maintenir un financement des négociations nationales ?
Plastalliance milite pour la dénonciation totale de cette contribution/taxe pour l’ensemble des parties bénéficiaires (dont Plastalliance bénéficie depuis fin 2017 à hauteur de près de 100K€, les près de 800K€ restant sur l’enveloppe patronale allant à la FPC). Qu’en pensent les autres Organisations ?
Acceptent-elles de ne plus prendre collectivement cet argent ?
Il est également utile de préciser que notre Organisation a également refusé de siéger au sein de l’AGPP.
2) Des négociations de branche en plasturgie déconnectées de la réalité
a) Accord sur les indemnités de départ à la retraite et de licenciement en date du 25 octobre 2018
Avec cet accord signé par la fédération de la plasturgie et des composites (FPC), leurs entreprises adhérentes ont eu la « joie » (ou vont l’avoir) de constater que le coût de certaines ruptures de contrat sera amené à exploser notamment dans le cas de départ à la retraite des non-cadres.
Plastalliance a alerté publiquement sur cet accord (Voir ICI notamment) qui ne comporte comme souvent aucune contrepartie pour les entreprises bien au contraire.
Alors que notre Organisation consulte ses entreprises adhérentes en amont, la FPC a choisi de les consulter APRES la signature (voir ICI )
Leurs entreprises ont avec raison soulevé auprès de la FPC les importantes provisions comptables engendrées par cet accord.
Après avoir annoncé avec un amateurisme qui pour nous est affligeant un « retrait de signature » qui n’a aucune valeur juridique comme Plastalliance l’avait rappelé (voir ICI ), la Fédération de la plasturgie et des composites a choisi, enfin, de dénoncer l’accord en février 2019.
En supposant que cette dénonciation ait été faite dans les règles de l’art ce que nous ne pouvons pas confirmer, l’accord et donc les nouvelles charges resteront applicables à leurs entreprises adhérentes pendant encore 15 mois maximum….
Pour faire écho à la partie précédente, que de temps perdu pour signer un accord et le dénoncer près de 3 mois après, mais qu’importe, c’est financé par la contribution sur le paritarisme….
b) Accord sur la CPPNI : De futures intrusions nationales dans la gestion des entreprises
Pour rappel, la CPPNI est la Commission Paritaire Permanente de Négociation et d'Interprétation.
C’est une Commission dont la mise en place est obligatoire car c’est une condition nécessaire (mais non suffisante) pour l’extension des accords et son absence peut également engendrer une fusion de la branche avec une autre.
Plastalliance ne remet pas en cause la nécessité de négocier et conclure sur ce point. Notre Organisation était même au début très ambitieuse sur le rôle et les attributions de la CPPNI.
Mais au fur et à mesure que nous consultions nos adhérents sur les différents projets, il est apparu que nos industriels ne souhaitaient en aucun cas avoir une commission qui permette aux OSS et OP nationales de s’ingérer dans la gestion de leurs entreprises.
Car dans notre Syndicat, ce sont in fine les entreprises adhérentes qui décident et non un petit comité à Paris : Nous sommes un syndicat des entreprises, par les entreprises et pour les entreprises.
Il aurait été en effet possible d’avoir un accord CPPNI qui fasse le « minimum syndical » prévu par la Loi.
Or, la version finale (en date du 05 juillet 2019) signée par la Fédération de la plasturgie et des composites, la CGT-FO, la CFDT et la CFE-CGC (et rejetée par 100% des adhérents répondants à notre référendum d’initiative patronale ) comporte notamment une clause qui est apparue effrayante auprès des entreprises et des DRH :
« 7°- Commission classification
a. Mission
La CPPNI, réunie en Commission classification, examine les difficultés ou les litiges qui pourraient se présenter pour la cotation et/ou le classement des emplois. Elle rend un avis . »
« c. Fonctionnement
La CPPNI, réunie en commission classification, examinera toute demande relative à la cotation d’un emploi , formulée par écrit et émanant de l'une des organisations syndicales de salariés ou des organisations professionnelles d’employeurs représentatives de la présente convention collective .
La CPPNI, est saisie en cas d’échec d’un règlement amiable à la suite de l’intervention du comité social et économique, s’il existe. En l’absence de comité social et économique, la CPPNI est saisie avec l’accord du salarié ou de l’employeur .
L’organisation professionnelle d’employeurs ou l’organisation syndicale de salariés représentative régulièrement saisie d'une demande devra en informer, dans les meilleurs délais, le secrétariat de la CPPNI. La copie de la saisine est adressée aux membres de la CPPNI dans les dix jours ouvrés de sa réception. Le secrétariat convoquera la CPPNI, qui se réunira en commission classification, pour lui permettre de statuer dans un délai de deux mois à compter de sa saisine.
La CPPNI réunie en commission classification rend un avis. L’avis indique la position des membres de la CPPNI. Lorsqu’il est rendu à l’unanimité des membres de la CPPNI, l’avis est opposable à l’employeur et au salarié »
En résumé, si à l’avenir un salarié conteste sa classification individuelle, il pourra mettre une certaine pression à son employeur en lui faisant poindre la possibilité de saisir les OSS nationales.
Voir à ce sujet le récent article (édition abonnés) publié par un journaliste sur cette Commission ICI qui constate notamment et avec raison selon nous que « la commission livre assurément sur un plateau des arguments à avancer dans le cadre d’un contentieux aux prud’hommes . »
Plastalliance n’étant pas signataire de l’accord, seuls les salariés d’entreprises adhérentes à la FPC pourront saisir la CPPNI.
Plastalliance consultera par ailleurs ses adhérents sur l’opportunité d’empêcher l’extension de l’accord et/ou de saisir le Comité d’Experts car l’extension peut avoir des conséquences graves pour les entreprises qui n’y sont pas soumises aujourd’hui.
c) Une hausse des cotisations prévoyance des non-cadres en vue
Plastalliance est la seule organisation qui a dénoncé ce projet qui prendra forme certainement sous la forme d’un accord de branche en 2020.
Si nous nous trompons, un démenti des autres Organisations ne pourra que rassurer les entreprises de la branche et notre Organisation.
Vous retrouverez toutes les explications à ce sujet ICI
d) Projet de mutuelle santé de branche
Quelle est la contrepartie de ce projet qui va pour beaucoup d’entreprises augmenter les coûts et entraîner un casse-tête au niveau des services RH qui devront mettre à niveau leur mutuelle d’entreprise à celle que la branche va imposer en termes de garanties et/ou de taux ?
Les entreprises adhérentes de Plastalliance sont au courant depuis un certain temps, qu’en est-il des autres ?
e) Des augmentations de salaires récurrentes et sans contrepartie
Tel un rituel et un passage obligatoire, les entreprises de la branche subissent depuis des années des augmentations générales sur les salaires minimas.
Pour s’en rendre compte, jetez un coup d’œil en bas de la page du lien ICI
Encore une fois, quelle est la contrepartie pour les entreprises ?
Un exemple de situation injuste :
Prenons une entreprise X dont le salarié est payé 100 (indice imagé) en salaire de base et qui correspondrait au minimum de la grille dans ce cas. A côté du salaire de base, la société X verse 20 en primes, etc (mais qui ne sont pas prises en compte dans les minimas car exclues) soit un salaire total de 120
Une augmentation de 1,4% va obliger la société X à augmenter ce salaire de base à 101,4. Nous avons donc un coût total de 101,4 + 20 = 121,4
Prenons maintenant l’entreprise Y dont le salarié est payé 102 en salaire de base mais avec 0 prime à côté.
L’augmentation de 1,4% ne va pas l’impacter du tout (il est au-dessus du minima qui devient 101,4) alors qu’il a une politique salariale moins généreuse que l’entreprise X qui subit donc une double peine.
En cette année 2019 et c’est une première depuis bien longtemps, aucun accord salaires ne fut signé.
Malgré cela, la Fédération de la plasturgie et des composites a cru bon d’imposer une recommandation patronale obligatoire avec à la clef une augmentation de 1,4% pour les minimas de branche des salariés non-cadres de ses entreprises adhérentes.
Vous trouverez ICI notre réaction à ce sujet.
Notre Organisation de son côté s’engage à ne jamais faire de recommandation patronale obligatoire et contraignante pou ses entreprises adhérentes.
3) Quand l’innovation passe pour certains par la création d’une nouvelle taxe : CTI-IPC
Précisons que Plastalliance n’est en aucun cas opposé à ce qu’il existe un centre technique dédié à la Plasturgie et aux Composites.
Ce que nous contestons, c’est le financement de ce centre qui passe par un impôt injuste prélevé sur des entreprises qui pour leur immense majorité ne vont pas utiliser IPC et quand bien même ils le souhaiteraient pour des prestations de R&D particulières, ils devront encore passer à la caisse pour payer la prestation !
Rappelons que Plastalliance a obtenu avec succès auprès du Sénat à l’époque que la taxe IPC soit supprimée par amendement (elle fut réintroduite sans vote, à l’Assemblée Nationale, le Gouvernement étant favorable à cette taxe)
A l’époque, le Gouvernement, par la voix de son Ministre de l’Economie de l’époque avait notamment indiqué :
« Emmanuel Macron : Quand des professionnels veulent s’organiser en filière, souhaitent de la visibilité en matière de financement et sont prêts à assurer une partie des tâches de recouvrement de la taxe qui leur sera affectée, n’est-il pas pragmatique de les suivre ? »
Effectivement, on ne peut blâmer le Gouvernement si des Organisations censées défendre les intérêts d’entreprises viennent eux-mêmes demander la mise en place d’une taxe…..
Notre question est la suivante : Les près de 3000 entreprises de la plasturgie ont-elles donné leur accord pour être taxées, combien d’entreprises ont-été consultées ?
Pour retrouver le débat au Sénat sur la question, voir ICI
Il est utile de rappeler que le Ministère de l’Economie a sollicité Plastalliance pour désigner des Administrateurs au sein d’IPC. Notre Organisation a refusé. Nous avons soulevé notamment :
Alliance Plasturgie & Composites du Futur
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