Monsieur Le Président, vous étiez présent à Bruxelles le 06 mars dernier pour le lancement de l’European Plastics Pact. Pourquoi cette implication dans l’EPP ?
Ce Pacte est le fruit d’un compromis entre plusieurs Etats, Etats qui, exception faite de la France, n'ont pas l'objectif d'arriver à l’interdiction de tous les plastiques à usage unique à plus ou moins long terme.
Bien au contraire, le Pacte est un outil intéressant qui permet selon nous de pérenniser l’industrie de l’emballage plastique dès lors que la filière s’inscrit dans un mode vertueux en terme de production, usage et fin de vie incluant la collecte et le recyclage des emballages plastiques à usage unique.
L’économie circulaire est clairement au centre du pacte, et sans matières plastiques à recycler dans le cadre d’une interdiction massive comme le prévoit la France, ce cercle vertueux n’aurait plus aucun sens.
On voit donc bien que la Loi économie circulaire votée en France est de fait incompatible avec le Pacte et cela a contribué à notre présence.
La France fait pourtant partie des initiatrices de ce Pacte…
C’est le Ministère de l’écologie des Pays-Bas qui a été à l’initiative première et le Ministère français de la Transition Écologique est venu, assez rapidement c’est vrai, rejoindre le projet.
La Secrétaire d’Etat Madame Brune Poirson a rappelé dans son discours lors de l’EPP que sa volonté est d’influencer les autres pays à aller vers un cadre juridique similaire à celui adopté en France avec notamment l’objectif de la fin de la mise sur le marché d'emballages en plastique à usage unique d'ici à 2040.
Elle a notamment dit qu’« En tant que précurseurs de ce pacte européen sur les plastiques, nous avons donné le ton à toutes les politiques publiques qu'il souhaite voir mises en œuvre prochainement au sein de l'Union européenne
».
Cependant, son discours contrastait énormément avec celui des autres officiels et les nombreux échanges que nous avons pu avoir nous confirment qu'il n'est pas dit que les autres pays s'engagent dans une voie aussi radicale que celle choisie par la France.
Madame Stientje van Veldhoven, Ministre de l’environnement néerlandaise a indiqué par exemple lors de son discours qu’il faut commencer « à traiter le plastique comme la matière première précieuse qu'elle est et la garder hors de nos océans.
» et qu’on a « besoin de plus de capacité de recyclage. Nous avons aussi besoin d'une nouvelle conception des produits
».
Elle a d’ailleurs précisé que « ce n‘est pas un pacte contre le plastique
».
La Ministre danoise de l’environnement bien qu'elle n'ait pu être présente physiquement à l’évènement a également fait passer un message positif pour l’avenir du plastique en déclarant dans une vidéo enregistrée que « Le plastique est un matériau précieux et il est temps de le traiter comme tel; en réduisant, réutilisant et recyclant beaucoup plus qu'aujourd'hui. Nous devons également nous rappeler qu'il s'agit d'un programme sur le changement climatique. Nous devons arrêter l'incinération des plastiques et réduire les émissions qui en résultent.
». Ce sont des discours équilibrés pour lutter contre la pollution plastique et non pas contre le plastique. Les 3R, Réduire Réutiliser Recycler, c'est toujours mieux qu'interdire.....
En entrant dans ce pacte, nous travaillerons avec les autres participants pour que ce soit les pays de l’UE qui amènent un changement de la position de la France car on ne peut pas parler d’économie circulaire, d’investissement dans le recyclage chimique et mécanique et de développement d'une collecte et tri sélectif de qualité tout en disant qu’à terme on arrête tout !
Plastalliance était la seule organisation représentative de la plasturgie française qui était présente à ce pacte, pourquoi selon vous ?
Je tiens à préciser que Plastalliance a été aussi la plus grande délégation française unifiée avec la présence de membres adhérents à Plastalliance et/ou à Green Plasturgie organisation membre de PLASTALLIANCE et également présente. Nous avons pu compter sur la présence de la société SOPARCO, leader français dans la fabrication de pots de fleurs, la société SANIPOUSSE qui s’engage depuis 30 ans aux côtés des professionnels des métiers de bouche pour développer et innover dans les domaines de l’hygiène, de la sécurité alimentaire et de la traçabilité et la société REVIPLAST, entreprise toujours indépendante ce qui est rare dans son secteur et très dynamique dans le recyclage des plastiques.
Je n'ai pas d’explication sur l’absence de l’autre organisation représentative de la plasturgie (note : Fédération de plasturgie et des composites). Ce Pacte tel quel et s’il était généralisé pourrait devenir la voie de salut pour la filière de l’emballage plastique. Plastalliance répondra dans tous les cas toujours présent pour défendre la filière de l'emballage plastique.
Le Pacte prévoit une réduction des produits plastiques et des emballages vierges d'au moins 20% d'ici 2025, dont la moitié proviendrait d'une réduction absolue des plastiques. Qu'en pensez-vous?
Il est utile de préciser que cette diminution doit se faire par rapport au tonnage total de matières plastiques dans les produits à usage unique et les emballages mis sur le marché en 2017. Le Pacte prévoit dans les 20% et pour moitié, une diminution de la matière vierge en poids qui peut être compensée par du recyclé et pour l'autre moitié, une diminution absolue des plastiques.
Entre 2017 et 2021, nombre de produits plastique à usage unique ont été ou seront interdits et d'autres seront soumis à des réductions de consommation. Cela fera du volume et donc du poids en moins sur le marché. L'éco-conception sera également centrale ici. Il y a également d'autres moyens d'atteindre les objectifs du pacte sans pénaliser les entreprises.
Par ailleurs, le Pacte demande certes en priorité d‘aller vers de la réutilisation, ce que le plastique peut faire pour certains produits mais il prévoit qu’à défaut le plastique doit être recyclé et les produits doivent incorporer de plus en plus de matières recyclées (30%).
Dans tous les cas, il faudra concevoir les produits pour qu’ils soient 100% recyclables pour 2025. On est dans un objectif bien plus réaliste que celui d’avoir 100% de plastiques recyclés en 2025, objectif que soutient l’autre Organisation que nous avons mentionné avant et que nous estimons totalement inatteignable.
Ce Pacte est globalement très positif en comparaison des objectifs français. Il n’est par ailleurs pas juridiquement contraignant et il peut par être modifié et amélioré. Il peut aussi évoluer dans un sens non désiré par notre Organisation d’où l’importance d’être dans le cœur du réacteur.
On entend beaucoup le mot recyclage, qu’en est-il des plastiques biosourcés et/ou compostables ?
Le compostable et les bioplastiques n'ont pas été oubliés et c’est un autre point qui nous a convaincu d’y aller. Le Pacte dit clairement que « Tous les emballages en plastique sont 100% réutilisables, recyclables ou compostables.
» Tout est dit dans cette phrase!
Nous avons également noté à l'European Plastics Pact la présence de la société SPHERE ainsi que de l'association Belgium Biopackaging qui regroupe des acteurs belges et internationaux actifs dans le domaine des matériaux compostables et biodégradables.
Concernant les plastiques biosourcés non compostables et contrairement à la politique appliquée en France, ils sont promus car il est prévu dans le pacte que les participants doivent travailler pour « Promouvoir l'utilisation de plastiques biosourcés produits de manière durable et recyclables
»
Le mot de la fin?
Espoir car l'Europe ouvre la possibilité pour les entreprises de packaging plastique de réinventer de nouveaux produits plastiques, mieux conçus, moins polluants, mieux triés et collectés. C'est une grande opportunité à saisir et Plastalliance sera à leurs côtés pour défendre sans contradictions ou compromissions leurs intérêts.
Pour contacter Plastalliance contact@plastalliance.fr