La suppression des emballages en plastique à usage unique en 2040 inscrite dans le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire
dessert in fine l’objectif de transition raisonnée et progressive vers le zéro déchet que vise pourtant cette loi.
La transition doit se faire par la montée en puissance de la collecte de tous les déchets, leur tri sélectif, et leur recyclage. Les emballages en matière plastique en font partie.
Les déchets et biodéchets sont une source de matières premières de haute valeur, leur recyclage et leur valorisation est LA solution pour améliorer significativement notre indépendance en matières premières et assurer l'avenir des générations futures car nos ressources sont finies et limitées.... Le recyclage est source de création de valeur, de richesses, et d'emplois non délocalisables.
Dans cet esprit, avant d'interdire, de pousser ou de favoriser (via des subventions, des bonus ou des malus), telle ou telle solution d'emballages alternatives au plastique, nous devons vérifier quels sont les produits les plus faciles à recycler, et dont le coût et l'impact environnemental est le plus faible.
Nous devons évidemment et par ailleurs limiter les emballages superflus ou inutile, favoriser une mise en place rapide de la consigne et mettre l'Eco-conception au cœur de nos développements.
De toute évidence, les études correspondantes pour justifier les différents amendements adoptés dernièrement n'ont pas été faites ou sont mal faites.
Il sera facile de démontrer, que dans le cadre de la mise en place d'une économie circulaire efficace, le recyclage, en particulier des emballages en matière plastique, est une solution bien plus écologique et vertueuse que la plupart des solutions alternatives qui sont actuellement proposées...
Les discussions législatives en cours ont sans doute pour but avant tout de créer "un électrochoc" et générer des "effets positifs" sur le comportement des consommateurs qui doit évoluer : très bien ! mais nous devons avant tout trier, recycler et arrêter de jeter n'importe comment et n’importe où.
Le recyclage est la solution pour résoudre la situation d'engorgement en déchets issus de notre modèle de consommation actuel. Il apporte une excellente réponse écologique et environnementale aux problèmes que nous rencontrons.
La mise en place de l'économie circulaire est en cours. Nous sommes nombreux à déployer de l'énergie et des moyens pour qu'elle devienne une réalité, comme dans la plupart des pays européens. La collecte, le tri sélectif et le recyclage des emballages en matière plastique est au cœur de cette transition. Nous croyons à son succès...
Nous devons tous soutenir cette transition, et en premier l'Etat, en envoyant des messages clairs car les industriels de la filière sont aujourd’hui otages d’une absence de visibilité de la part de nos gouvernants.
Il faut donner du temps, des moyens et une réglementation cohérente et stable pour que les acteurs économiques s'engagent encore plus dans cette voie, car des investissements importants sont nécessaires...
Ce n'est pas en proclamant que tous les emballages plastiques ou ménagers à usage unique seront interdits à court, moyen ou long terme, que nous développerons une industrie de la collecte, du tri et du recyclage efficace.
Ce sont de très mauvais signaux qui sont envoyés à cette industrie en devenir, pourtant nécessaire, créatrice de valeur et d'emplois.
A l’heure où l’Europe affiche une volonté de neutralité carbone, le choix de la matière plastique et l’intégration progressive d’une part de plus en plus importante de matière recyclée dans la fabrication des emballages contribue grandement à la réduction du bilan carbone.
Nos voisins se frottent les mains, car ce sont eux qui commencent déjà à s'accaparer ce secteur. Il est illusoire de croire qu'ils vont suivre le chemin de la France alors qu'ils sont en train de développer et d'investir de façon spectaculaire dans les infrastructures de collecte, de tri et de recyclage des déchets et en particulier des emballages en matière plastique.
Concernant les plastiques biosourcés et compostables qui sont l’autre axe nécessaire permettant de réduire l’empreinte carbone
en redonnant à la terre ce qu’elle nous a donné, l’absence d’une véritable filière de collecte des biodéchets en France est un vrai handicap. Encore une fois, nos voisins européens sont bien plus en avance que nous dans ce domaine.
Plastalliance est au côté de tous les plasturgistes, et en particulier de ceux positionnés dans le secteur de l'emballage, qui souffrent aujourd'hui de ne pas être assez soutenus, malgré leur investissement dans l'Eco conception, l'intégration progressive de matières recyclées ou de polymères biosourcés.
Ils ont besoin d'être aidés, en particulier par la mise en place de normes et de certifications
qui leur permettront de mieux vendre et valoriser des produits écoconçus et utilisant des matières recyclées et recyclables ou compostables.
Des résistances existent en France, il faudra les lever... Nos voisins européens vont dans ce sens... Ne les laissons pas prendre l'avance qui leur permettra de prendre les marchés sur lesquels nous ne pourrons plus nous positionner.
Dans ce domaine, nous avons également besoin de vision et de nous projeter au-delà des intérêts économiques à court terme ou des effets d’annonces politiques...
Nous croyons dans l'économie circulaire, la collecte, le tri sélectif et le recyclage de nos déchets plastiques ou bioplastiques.
Nous ne voulons pas voir émerger des solutions alternatives plus néfastes ou polluantes pour l'environnement, avec un impact plus mauvais sur le bilan carbone et la biodiversité, voire plus risqué en matière sanitaire.
Nous défendrons ces objectifs. Nous en faisons nos valeurs....
La pollution par les matières plastiques non seulement continue, mais s'accélère en Afrique en Asie et en Amérique du Sud...
Ces pays ont soif de consommation, il est illusoire de penser qu'ils arrêteront de consommer et de jeter à court ou moyen terme.
Le problème de la pollution est avant tout un problème de comportement de tous les acteurs plutôt qu’un problème de matière.
Nous devons construire un modèle d'économie circulaire en France et en Europe qui fonctionne, basé sur la collecte, le tri, le recyclage des déchets, et en particulier des emballages plastiques.
Il devra servir d’exemple pour les autres pays qui doivent amorcer cette transition.
Nous avons la responsabilité de montrer la voie de cette manière, non en imposant des interdictions disproportionnées qui ne seront pas reprises par nos voisins ; interdictions qui nous isoleront et nous affaibliront sur le plan économique et nous rendront vulnérables par rapport à nos concurrents européens.
La France a cette responsabilité.
Laisser entendre ou suggérer que le recyclage n'est pas la bonne voie est irresponsable...
"L'interdiction" pour ne plus consommer ou "la frugalité" comme mode de vie est non seulement une illusion, mais impossible à accepter, en particulier dans les pays en développement. Ces pays doivent, eux-aussi, mettre en place une industrie de la collecte, du tri et du recyclage des déchets en plastique sous peine de continuer à détruire notre planète.
Si la France ne montre pas l’exemple, comment attendre de leur part un comportement exemplaire ?
Philippe COHU
Vice-Président Economie Circulaire de Plastalliance
Le service développement durable et économie circulaire de Plastalliance est à votre disposition sur contact@plastalliance.fr
